Merci à toutes celles et ceux qui ont affronté les averses glaciales pour essayer de faire entendre leurs voix anti-nucléaires contre le démarrage du réacteur EPR de Flamanville ! Nous étions plus d’un millier venu du Grand Ouest y compris Paris, ainsi qu’une délégation de Bure. Plusieurs médias ont relayé la manifestation de Caen de ce samedi 23 mars
Voici le texte lu devant l’Autorité de Sûreté à Caen samedi 23 mars 2024 pour la prise de parole du Can Ouest.
Commençons par un peu d’histoire.
En 2014, le chargement du combustible pour le réacteur nucléaire EPR de Flamanville était déjà annoncé par EDF pour fin 2016 ! 8 ans déjà ! C’est ce qui avait motivé en 2015 la constitution du Collectif antinucléaire Ouest pour organiser la manifestation de Flamanville le 1er octobre 2016. Dès l’annonce du choix du site , 30 000 personnes étaient présentes en 2006 à Cherbourg pour dénoncer ce projet jugé « Inutile, coûteux, dangereux » leit-motiv des meneurs de la lutte antinucléaire dans le Cotentin et au-delà. Nous parlons là, de Paulette et Didier Anger . Ils ne peuvent être présents aujourd’hui . Le collectif antinucléaire Ouest tient à saluer leur action exemplaire de résistance à la fureur nucléaire depuis plus de 50 ans : ils ont impulsé et organisé la lutte au chantier EPR à Flamanville, depuis presque 20 ans.
Nous sommes en mars 2024 et EDF claironne dans les journaux que le combustible sera chargé avant l’expiration du délai de validité, -le 10 avril-, du décret de création. Il a été prolongé déjà 2 fois. Mais l’autorité de sûreté nucléaire n’a pas donné son feu vert au vu des dernières falsifications. C’est pourquoi nous sommes ici devant leurs locaux pour les exhorter à tenir bon face aux pressions gouvernementales.
Ce fiasco scandaleux qui dure depuis 17 ans, dépasse les 20 milliards d’euros, bafoue toutes les règles de sûreté avec notamment une cuve et un couvercle défectueux. L’ASN ne doit pas donner le feu vert : le couvercle n’est pas changé. Le président Macron obsédé par une relance du nucléaire , veut à tout prix sa mise en service , quel qu’en soit le prix même celui d’une catastrophe.
Aussi nous allons ensuite vers un autre lieu symbolique de l’Etat nucléaire : la préfecture de Caen. Non, nous ne sommes pas en démocratie mais en nucléocratie. Pas un seul président de la 5ème république n’a refusé de faire allégeance au nucléaire.
En mars 2011, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, André Claude Lacoste directeur de l’ASN avait proposé un moratoire pour le chantier EPR. Le président Sarkozy a refusé de le suivre. Seul le projet de Penly a été suspendu.
La guerre en Ukraine n’a jamais autant souligné la vulnérabilité et la dangerosité des installations nucléaires et celle de La Hague concentre le plus grand danger pour l’Europe, sans parler du projet de nouvelle piscine.
Didier Anger avait souligné en 2016 : « le nucléaire n’est pas une industrie comme les autres. C’est une énergie de destruction massive pour l’environnement, la santé, l’économie et la démocratie. Qui pis est moralement inacceptable car les effets -avec la gestion des déchets radioactifs-plusieurs siècles et millénaires après l’arrêt de son utilisation resteront sensibles pour des milliers de générations à venir. »
Alors soyons visibles et audibles lors du parcours de notre manif pour :
- que le combustible ne soit jamais chargé ,
- que ce décret ne soit pas renouvelé une 3 ème fois,
- que l’idée de relance du nucléaire soit abandonnée,
- qu’un monde de paix, libéré du nucléaire civil et militaire, respectueux des êtres vivants, économe de ses ressources, basé sur les énergies renouvelables, émerge enfin.